Théâtre
En 2014, une photo fait scandale sur la Toile : il s’agissait d’un selfie posté sur un réseau social d’une
jeune fille posant tout sourire à Auschwitz.
Qui est Michelle ? Ou plutôt : qui est uneviedechat ? Une adolescente insouciante ou mal élevée ?
Kim, Angèle, Michelle, Sélim et Abel appartiennent au monde nouveau, connecté, celui qu'on prend
en photo, qu'on partage en un claquement de doigts.
Et c’est l'ancien monde qu’ils viennent visiter en allant découvrir à Auschwitz, l’horreur des camps
de concentration, ce souvenir dur et froid qui ne résistera pas, cependant, au sourire de Michelle, de
son sweat rose et au déclenchement de son smartphone.
A-t-elle accompli son devoir de mémoire en prenant ce selfie ? A-t-elle sali le passé en posant devant
les vestiges de la Shoah ?
Les avis divergent sur les réseaux sociaux, les commentaires fusent, rivalisent de haine et de
brutalité, et la Toile se referme sur Michelle, prisonnière virtuelle d’un harcèlement numérique cruel.
L’écran devient le point de confluence entre le réel et l’image, et redessine nos espaces de parole et
de liberté.
Avec cette pièce chorale inspirée d’un fait divers, Sylvain Levey nous laisse libres d’exercer
notre regard – et notre réflexion - sur cette société du paraître que nous avons bâtie. Grâce à une
dramaturgie jouant de l’immédiateté d’Internet, il démonte le mécanisme de l’emballement virtuel,
qui confine au harcèlement.